Ladies & Gentlemen ! Nous sommes enfin arrivés à la fin de cette salve des films que j’ai vu au cinéma durant le mois de septembre ! On va conclure avec un film qui a fait parler beaucoup de lui depuis sa sortie, j’ai nommé le film français Bac Nord !
Bac Nord est un film français de la société de production Chi-Fou-Mi Productions et celles de coproductions STUDIOCANAL et France 2 Cinéma. D’une durée d’1 heure 44, le film est réalisé et scénarisé par Cédric Jimenez (La French, Aux Yeux de Tous, HHhH). On retrouve aussi Audrey Diwan au scénario et qui a déjà plusieurs fois travaillé avec Cédric Jimenez. Le film est sorti en salles le 18 août 2021.
Synopsis (Source) :
Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2021. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux….
Un film policier prenant, dur et qui pousse à la réflexion
On suit un groupe de 3 policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) qui s’occupent des quartiers nord de la ville de Marseille. Entre interpellations compliquées qui n’ont aucune incidence et perte de confiance envers la police, ils tentent d’arrêter les différents trafics, notamment celui de cannabis, à travers les ordres de leur hiérarchie. Ils sont parfois obligés d’user de moyens très limites durant leurs opérations. Leur grand objectif est d’entrer dans une cité et d’immobiliser une trafic important de cannabis.
On suit ainsi 3 policiers se nommant Grégory, Yassine et Antoine dans leur quotidien de policiers de la BAC dans les quartiers nord de Marseille. Dès le début, on est directement plongé dans l’ambiance et le propos du film, à savoir la dangerosité de certaines cités marseillaises, la perte de confiance envers les policiers et l’inefficacité des moyens donnés par l’Etat. En effet, les policiers sont obligés d’user de moyens originaux comme de se camoufler dans la cité, de faire appel à des informateurs ou encore d’arrêter de force les dirigeants de trafics, quitte à en risquer leur vie. Ce groupe de protagonistes marche excellement bien et on a envie qu’ils réussissent leurs missions.
C’est du regard de ces trois policiers qu’on va voir le problème mis en avant dans ce film, à savoir la présence d’une police moins efficace, moins prise au sérieuse et qui a du mal à se faire entendre. A plusieurs moments du film, les demandes des policiers se voient refuser mêmes lorsqu’ils sortent leurs armes de service pour dissuader. Le trio fait même face à des trafiquants qui possèdent eux-mêmes des armes, les mettant presque d’égal à égal avec la police. Pour continuer plus loin, certaines cités font leur propre police et arrivent même à gagner la confiance des habitants. Même dans leur propre service, le trio n’est pas souvent pris au sérieux, que ce soit avec leur hiérarchie qui ne leur laissent pas l’occasion de prendre trop d’initiatives ou encore des multiples missions et demandes de renforts qui laissent sans suite énormément d’affaires. On nous présente un système actuel débordé dont les supérieurs hiérarchiques ne connaissent que très peu la réalité du terrain et le mental de leurs agents, dont ces derniers sont démotivés.
Le film porte très bien son étiquette de thriller puisqu’on est sous tension tout le long et on ne décroche que lorsque le générique de fin apparaît (ce fut mon cas personnellement, mais si vous n’êtes pas fans du genre thriller vous serez sûrement moins réceptifs). Il y a beaucoup de rebondissements car c’est un milieu qu’on ne connaît que peu au final, à part à travers de documentaires. Le film est loin d’être une jolie histoire et ne se finit pas forcément bien. C’est un film plutôt réaliste où il n’y a aucun miracle. La justice, le gouvernement et les hautes autorités ne comprennent pas pourquoi le trio fait certaines actions et ne se rendent pas compte de la dangerosité du terrain. Les trafiquants n’ont pas peur du gouvernement et le font comprendre. Les policiers héros un jour se retrouve le lendemain des parias suite à cause d’une justice trop rapide. Le film est ainsi loin d’être pro-police ou anti-police, le métier de policier est montré comme dur et ingrat. Les agents de la BAC sont parfois obligés d’aller au-delà de la loi qu’ils sont censés faire respecter pour réussir leurs missions, du moins dans le film.
Ensuite, un point important que j’aimerais développer est qu’on suit uniquement le point de vue des 3 policiers. On les suit durant leurs missions, leurs repos, leurs doutes ou encore avec leurs proches. Plus que la BAC, on suit surtout des personnages qui ont leur propre caractère, leurs qualités et leurs défauts. On a envie de les encourager. Par contre, à aucun moment on va se mettre à la place des supérieurs hiérarchiques de la police et encore moins des trafiquants. Les cités sont présentés comme ayant un climat anxiogène, où les vrais dirigeants ne sont pas le gouvernement, la mairie ou la police. Surtout que les habitants des cités sont presque tous présentés comme des bêtes haïssant la police. De plus, on ne nous explique pas quelles sont les raisons qui amènent les personnes issues de cités à vendre du cannabis et faire partie du trafic, ce n’est pas le propos du film. On se concentre vraiment sur le trio et leur place dans la société, où on est presque révoltés de voir qu’ils ne sont considérés comme de vulgaires pions obligés de suivre les ordres du ministère ou du préfet, sans pouvoir être libre d’agir comme ils l’entendent. Ainsi, difficile de ne pas être du côté de la police une fois le film fini, quand notre avis est encore à chaud. C’est avec du recul qu’on peut un peu plus nuancer.
J’en viens donc à la conclusion de cette partie sur le message que veut transmettre le film. En se renseignant, on se rend compte qu’il y a une volonté de mettre en avant le travail et les conséquences parfois ingrates du métier de policier ainsi que la montée de la violence dans les cités, effrayant même ses propres habitants. Le film dénonce un système déconnecté de la réalité et prend aux tripes avec son scénario rempli de suspense et de rebondissements. Je dois avouer que j’avais quelques appréhensions avant de voir le film car j’avais l’impression qu’on l’avait approprié à des fins politiques malheureusement. Mais encore une fois, il faut nuancer. C’est vrai que lorsqu’on quitte le film, on a plein de questions et c’était sûrement le but recherché. Mais certains le limitent trop aux cités et aux trafics. Il y a une appropriation du film qui le dévie au final du message car même si ça s’inspire d’affaires réelles, ça reste une fiction. Mais en voyant la profondeur des actions et le propos dénonciateur du film, on se pose la question de la limite entre la fiction et la réalité, puis de son impact sur les spectateurs. Il n’y a donc pas de quoi en rire.
Un trio de protagonistes aux caractères différents mais qui s’en retrouve très complice
Outre le trio de protagonistes, les personnages récurrents que l’on voit sont le supérieur et les collègues de la BAC, la femme de Yassine et l’informateur. Même si on les voit peu, ils sont vite fait bien écrits et apportent de la profondeur aux situations et aux caractères des protagonistes.
Grégory, surnommé Greg (Acteur : Gilles Lelouche), est le chef de ce trio. C’est une homme qui a de l’expérience et pour qui sa carrière policière représente tout pour lui. Il ne se laisse pas faire mais sait avoir du recul quand la situation lui permet. Il est épuisé du fait que ses supérieurs ne connaissent rien de la situation actuelle des cités.
Yassine, surnommé Yass (Acteur : Karim Leklou), est un policier rêvant de devenir officier. C’est un homme parfois un peu à l’ouest et bête. Cependant, il se montre bienveillant et aime son équipe. C’est un grand rêveur qui a des projets autant sur le plan professionnel que personnel. Il est très proche de sa femme et il attend un enfant avec.
Antoine (Acteur : François Civil) est la tête brulée du groupe. Il fonce parfois tête baissée sans réfléchir aux conséquences et est déçu que ces collègues ne répondent pas aux menaces des trafiquants. Il connait bien le fonctionnement des cités et c’est notamment lui qui négocie avec l’informateur.
Une production superbe, contribuant à l’ambiance thriller du film
BAC Nord est un bon film sur le plan du scénario mais également au niveau de sa technique ! En effet, le film est très bien rythmé. On enchaîne les situations et on n’a pas le temps de souffler à la fin d’une qu’on en a une nouvelle qui arrive directement. Les transitions marchent bien et ne donnent pas l’impression que des éléments de l’histoire sont loupés. Ensuite, on a presque l’impression qu’on est dans un docufiction. J’ai eu cette impression car, comme évoqué plus haut, on suit uniquement le point de vue du trio et on les voit aussi quand ils ne sont pas en poste, surtout que le scénario rend le tout réaliste. D’autres éléments comme le fait que la caméra suit parfois les policiers de derrière, les tics de parole et le manque d’articulation de certaines phrases, quand on n’est pas habitué à l’accent du sud, renforcent cette immersion dans le réel. On a de beaux plans avec la caméra, que ce soit avec les décors des cités marseillaises ou encore les jeux de luminosité.
Au niveau du son, les effets sonores sont réussis et renforcent l’ambiance du film. La bande-originale, quant à elle, est superbe. Elle est bien en lien avec le film et plonge dans l’ambiance en étant assez mélancolique et sombre, exprimant les moments de doute, d’incompréhension et de survie du trio de policiers. Elle est composée par Guillaume Roussel (compositeur qui a déjà travaillé avant avec le réalisateur du film Cédric Jimenez).
CONCLUSION
Bac Nord est vraiment un très bon film et je me suis surpris à l’apprécier. Le scénario est prenant, le trio complice est vite attachant et la technique permet d’avoir un film très dynamique. De plus, il pose plusieurs questions sur la société française actuelle avec la violence des cités, l’abandon de la police, les problèmes juridiques ou encore la méconnaissance du terrain par les supérieurs hiérarchiques. Mais c’est justement parce que ça remet en cause des problématiques actuelles que certaines personnalités politiques disent que c’est la vérité ou que quelques spectateurs ont du mal avec ce film. Personnellement, je l’ai beaucoup aimé et c’est sûrement un des meilleurs films que j’ai vu sorti cette année (parmi le peu que j’ai vu). Cependant, j’ai encore du mal quant à sa place actuellement. Un revisionnage dans quelques années m’apportera sûrement un regard différent. Toujours est-il que ce qu’a voulu mettre en avant initialement le réalisateur Cédric Jimenez est réussi.
Pour finir, je vais vous laisser avec un des thèmes du film qui a été utilisé dans les bandes annonces et le générique de fin « Tears » interprété par Giorgio Moroder !
Sur ce, on se dit à une prochaine fois pour un nouvel article ! A plus !